homélie de la fête de l’Assomption 2020. Chapelle Notre-Dame de Lourdes.

Après sa rencontre avec Élisabeth, Marie chante le magnificat. Pourtant un journaliste n’aurait rien trouver à écrire là-dessus : une jeune femme rencontre sa vieille cousine, qu’elle est venue aider à vivre une grossesse tardive. Et voilà que le petit tressaille dans le ventre de sa maman… Mais Marie dit : maintenant les puissants sont renversés, ce sont les petits qui sont élevés… Maintenant on voit l’action de Dieu ! (Lc 1,46)

C’est une des grandes difficultés du chrétien : voir l’action de Dieu. Ne pas percevoir que Dieu est là et agit conduit inévitablement au découragement, à la prise de distance avec la vie chrétienne. La personne voit s’éloigner la joie profonde. Elle succombe à la pente naturelle de se calquer sur l’esprit du monde.

J’ai remarqué que ceux qui prient Marie voient plus facilement la présence et l’œuvre de Dieu. Ils sont moins la proie du doute, du découragement. Et ils ouvrent des chemins pour beaucoup. C’est pourquoi tout à l’heure je vous proposerai une prière de consécration au cœur immaculé de Marie.

Marie a cette faculté de faire voir l’œuvre de Dieu car elle est au cœur du grand combat. Le livre de l’Apocalypse raconte ce combat, entre d’une part des puissances de ténèbres, des forces d’asservissement et de découragement représentées par le dragon de l’Apocalypse, et d’autre part la force douce et implacable de l’amour porté par la naissance du Fils de Dieu sur la Terre (Ap 12,1-10). Dans ce terrible combat, c’est cet amour qui triomphe, bien qu’il semble au premier abord si menacé. Ce triomphe de l’amour éclate d’abord dans la résurrection du Christ, puis dans l’Assomption de la Vierge Marie, aurore de la victoire à laquelle nous pourrons participer aussi.

Marie nous aide à surmonter l’inquiétante apparence de tout ce qui milite contre Dieu. Quand nous la prions, nous lui disons souvent : « prie pour nous maintenant et à l’heure de notre mort ». Le moment de la mort est un moment où nous avons bien besoin d’oser compter sur Dieu. La mort d’un être aimé ou notre propre mort nous posent plein de questions. L’assomption de Marie nous donne cette audace de compter sur Dieu. Quand tout autour de nous crie « où est Dieu ? », Marie rappelle ce que saint Paul annonce aux Corinthiens : « de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie » (1 Co 15,22)

Bien sûr la mort existait avant l’humanité. Heureusement que les dinosaures sont morts ! St Paul affirme néanmoins que la mort est venue par un homme, que tous meurent en Adam. Il parle de ce caractère douloureux et tragique de la mort, qui n’est plus vécue comme un passage vers la lumière mais comme un dangereux anéantissement. Marie, dans son assomption, montre une autre façon de mourir. Elle est seule à la vivre car elle est seule à se laisser complètement saisir par Dieu, tandis que nous sommes trop lourds de nos méfiances et de nos replis. Marie, elle peut être prise totalement, saisie, assomptée. Elle se laisse prendre. Elle entre toute entière déjà dans la lumière du ciel, dans la gloire du Royaume, dans la joie de l’intimité avec son créateur et son sauveur.

Aujourd’hui, quand les puissances de ténèbres font le siège de notre famille, de notre pays, de l’humanité entière, ne nous laissons pas dérouter. Prenons le parti de Dieu, vainqueur par la persévérance de l’amour. Devenons de plus en plus des hommes et des femmes de foi, qui prennent Marie comme modèle pour collaborer à l’œuvre que le Christ veut réaliser maintenant.

Soyons de ceux qui savent la valeur de cette vie, mais plus encore la valeur de la vie éternelle, à laquelle ils veulent se préparer. Ainsi, les jeunes parmi nous deviendront capables d’entreprendre de grandes choses. Et les plus âgés pourront témoigner d’une vraie sagesse de vie.

Marie, apprends-nous à dire « oui » au Seigneur comme toi !

Étiquettes : Modifié dernièrement: 15 août 2020